• Ce soir du 9 juillet 2006, les dieux du foot n'étaient décidément pas avec l'équipe de France. Tout a foiré. Et ni Pénaltus, ni Barrtransversalus ou encore Têteplongeantus pour ne citer qu'eux n'ont daigné intervenir en faveur des joueurs français. Comme si, après les avoir amené à quelques mètres du sommet, ils les avaient abandonné au moment le plus important et décisif, à l'ultime côte, la plus raide et ardue. Pourtant, avant chaque match Gallas avait offert deux dés à coudre de Gatorade à Pénaltus. Et Barthez du blanc de poulet surgelé. Mais voilà, les dieux sont lunatiques et capricieux. Et ils devaient en avoir marre des offrandes pourries qu'on leur faisait. A moins que lors d'une orgie, un ballon tiré par un joueur français n'ait touché le cul éclatant de l'un d'eux, le mettant dans une rage folle. Suppositions qui le resteront. Suppositions qui de toute façon ne changeront rien aux faits de cette horrible nuit du 9 juillet 2006.

    Pourtant la partie avait joliment débuté. Après quelques lattages de circonstance entre les joueurs, Malouda se fait faucher dans la surface de réparation. Penalty. C'est Zidane qui se charge de le tirer. Echange de regards entre le numéro 10 de l'équipe de France et le grand gardien de l'équipe d'Italie. Les deux hommes se connaissent bien. Alors qu'ils appartenaient à l'association du « polystyrène pour les ours polaires du zoo de Vincennes », ils se sont prêtés plein de choses qu'ils ne sont jamais rendus. D'après ses proches, Zizou en veut encore à Buffon pour la perte de son cd de Pierre Bachelet, un cadeau d'un de ses frères. Quant à Buffon, il n'a jamais avalé que Zidane donne son album préféré des Schtroumpfs à son troisième enfant. Bref, chacun a à coeur de foutre l'autre dans la merde jusqu'au cou et au delà. Etonnamment, Zidane ne prend aucun élan pour tirer ce pénalty. Au coup de sifflet de l'arbitre, il s'avance avec nonchalance vers le ballon puis le soulève doucement avec la pointe de son pied droit. Buffon plonge, constatant avec effroi que le numéro 10 de l'équipe de France a effectué une panenka ! Panenka, qui est justement le titre de l'album de Pierre Bachelet que Zidane a prêté à Buffon ! Goal ! Et petit message acerbe du numéro 10 de l'équipe de France au grand gardien de l'équipe d'Italie : « Ce soir, mon gaillard, je ne te marquerai que des Panenka et l'album des Schtroumpfs je te le rendrai pas ».

    La suite de cette mi-temps, nous n'en parlerons pas, car elle nous fait mal... Les Italiens... Argh... égalisent sur coup de pied arrêté. Passons directement à la deuxième mi-temps que les français dominent de la tête (hélas) et des épaules. Et justement à cette fameuse 110ème minute, où Zidane fout un coup de boule dans la poitrine de Materazzi. Que s'est-il passé à cet instant là, et pourquoi ce geste incompréhensible : D'après des spécialistes de la lecture sur les lèvres, l'échange entre les deux joueurs se serait déroulé ainsi :

    Zidane : « T'inquiète mon maillot je te le filerai après le match »

    Materazzi : «  Et moi, en échange, j'te filerai mes cheveux »

    Zidane s'en va.

    Materazzi : « T'as pas de cheveux, t'as pas de cheveux, tanananère... »

    Volte-face de Zidane et coup de boule !

    Mais c'est le film enregistré par le satellite américain « sausage » et envoyé à la FIFA qui rend véritablement compte de la scène :

    Zidane : « T'inquiète mon maillot je te le filerai après le match »

    Materazzi « Et moi j'te filerai jamais ton disque de Pierre Bachelet puisqu'on l'a destroy en mille morceaux avec Buffon »

    Zidane s'en va.

    Materazzi « Au nord c'était les Corons.... »

    Revolte-face de Zidane et re-coup de boule !

    Après l'expulsion de Zidane, Les Français domineront encore sans pour autant réussir à marquer. Viendra la cruelle séance des tirs au but et le tir sur la barre transversale de Trézéguet. Viendra la joie pour les uns et la tristesse pour les autres.

     

    Peter Smash de Vive le Sport !

     


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  • Le football est marrant. Au fur et à mesure que le temps passe, on a l'impression d'assister à des suites de superproductions hollywoodiennes. Comme les Rocky ou Star Wars. Prenez par exemple la finale de ce soir : France-Italie. On doit en être au moins à la dixième ou quinzième édition. Cette fois-ci, après la défaite en coupe du monde 98 et celle cruelle de l'euro 2000, ce sont les italiens qui ne sont pas contents et revanchards. Ils sont un peu dans la peau du héros looser alcoolique et moche à qui on donne une ultime chance de briller sans vraiment y croire. « Tiens enfile ces vieux gants, coco et essaie de tenir le plus de temps que tu peux ». Pourtant, dans l'histoire, coco surprend tout le monde et en premier lieu son adversaire. Ses coups font mal et son jeu de jambes ressemble à celui d'un danseur. Le minable se transforme et devient sous les feux ébahis des projecteurs un winner.

    Pour nous, pareil scénario serait évidemment désastreux. Nous en tomberions à genoux avec l'horrible sensation d'avoir un pieu planté dans le cœur. En même temps, nous pourrions nous consoler en nous disant que ça devait être au tour de la France d'être le méchant. Qu'au fond c'est normal et dans l'ordre des choses. L'Italie avait l'œil du tigre, la France pas. A la prochaine coupe du monde, ça changera. On peut sortir la tête du four et couper le gaz. Il y aura d'autres fins de coupes du monde plus heureuses.

    Oui, on peut se dire cela, se contenter de cette lamentable explication et puis retourner à sa morne vie cafardeuse.

    Mais on peut se dire aussi tout autre chose avant de baisser les armes. Et si la France était la gentille dans l'histoire ? Après tout, ne disait-on pas d'elle qu'elle n'avait aucune chance au début ? Que Zidane et consorts étaient vieux ? Qu'ils jouaient comme des brêles ? Que chaque tour serait le derche pour eux ?

    Aujourd'hui, portée par un Zidane magistral, féérique et flamboyant l'équipe de France peut gagner sa deuxième coupe du monde. Elle le mérite plus que l'Italie qui en a déjà remporté trois auparavant. Les 23 joueurs qui la composent le savent : de loosers, ils peuvent se métamorphoser en winners. C'est l'occasion ou jamais. Pour leur bonheur mais aussi pour celui de tout un peuple. Et aussi pour rendre immortelle cette formidable devise, la leur : « Prendre une douche ensemble avec un seul gel douche, ça rassemble ».

     

    Peter Smash de « Vive le Sport »

     


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  • Putain, j'en reviens pas. On est quand même huit dans la salle. Etonnant. Sept mecs, une femme. Parmi les mecs, j'en connais trois. Il y a René, ancien militaire de carrière,  François, 40 ans de Poste et toutes ses dents et Christian, qu'a passé sa vie à gérer des petits commerces. La femme, c'est Juliette, notre aide-soignante, 37 ans, mariée deux gniards et un monumental derrière. Si la France gagne, je me suis juré de le lui tâter d'une main ferme. A mon âge, ça vaut presque une partie de jambes en l'air. « Si tu fais ça » m'a prévenu René « elle va te foutre un coup de boule mortel, joue pas au con, on n'a qu'une vie, Jean-Paul ». Là dessus, Christian a parié sa pâte de fruit de la mi-temps que je serai pas cap' de le faire. J'ai topé.

    Avant d'allumer le téléviseur, Juliette nous a fait son petit speach habituel : « Bon, écoutez-moi bien les croulants parce que je le répéterai pas deux fois. En cas de but de Barthez ou chai pas quel autre clampin bleu, j'veux pas de gueulante ou d'infarctus. On n'est pas chez bobonne ici. Pareillement, j'vous demanderai de vérifier vos braguettes. Ca fait la quatrième fois aujourd'hui que j'en surprends dans les couloirs avec l'engin à l'air, n'est-ce pas messieurs Pélisson et De la Grange ? Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, nous sommes dans un établissement mixte. Et puis merde, faut le reconnaître, dans l'état où il est actuellement, vot' machin fait peur. Pensez un peu aux autres, nom de dieu ! Enfin, je rappelle que nous sommes en pleine période de canicule en ce moment, donc on essaie de boire le plus souvent possible même quand on n'a pas soif, ok, messieurs ? »

    Et nous de répondre en choeur : « Oui, madame Baudoin ! »

    La massive aide-soignante acquiesce, se tourne vers le téléviseur pour l'allumer puis se ravise : « Ah, au fait, j'allais oublier les croulants, y'en a marre de trouver vos dentiers au fond de la cuvette des chiottes. Chais pas ce que vous avez dans la tête en faisant un truc pareil, mais je vous préviens, la prochaine fois on les débouchera plus, vous arrêterez peut-être les conneries comme ça, pigé ?! »

    « Pigé, madame Baudoin ! »

    « Tout le monde a pris ses médocs ?! »

    - Oui, madame Baudoin !

    - Ok, j'vous mets le match.

    L'image apparaît pile-poil sur les joueurs de l'équipe de France en ligne en train de chanter l'hymne national. Aussitôt, René se fout au garde-à-vous. Derrière lui, deux types gueulent parce que l'ancien militaire leur cache la vue. François ricane puis annonce fièrement : « ma pâte de fruit de la mi-temps que c'est le Portugal qui gagne ! ». Christian, qui est joueur, parie le contraire. Je lui rappelle alors gentiment qu'il a déjà parié avec moi sa pâte de fruit tout à l'heure. « Je sais » me répond-il avec un grand sourire « mais si tu cogites un peu tu verras que ces deux paris ne sont pas incompatibles et que je suis sûr de ne rien perdre en les faisant ». Je hausse des épaules. Cogiter, pourquoi faire ? A mon âge, j'ai plus le temps. Et puis ce serait obscène devant un match de football. Qui plus est, lors d'une demi finale de la coupe du monde avec l'équipe de France. Merde. Et puis de toute façon, quoiqu'il advienne, je balancerai son dentier dans les chiottes. Moi aussi, je suis joueur.

    Bref, le match commence. Pendant les trente premières minutes, nous encourageons avec entrain l'équipe de France. Sauf, François qui est pour le Portugal et un gros chauve qui ronfle dans un coin. A la 32ème minute, faute sur Henry. René se lève de sa chaise en réclamant un penalty. Les deux types derrière lui lui ordonnent de s'asseoir. Je fixe avec mélancolie la morve que je viens d'éjecter sur mon mouchoir en papier tandis que Christian lâche un gros pêt nauséabond dont il a le secret. L'arbitre siffle la faute. C'est Zidane qui va tirer le penalty. Mon vieux cul flasque me démange. Sans prendre d'élan, le numéro 10 de l'équipe de France tire et marque ! Tous, nous nous levons ! Enfin, tous sauf François qui dit qu'Henry a simulé, le gros chauve qui ronfle et les deux types au fond qui gueulent pour que nous nous rasseyons.

    A la pause, Juliette nous distribue nos fameuses pâtes de fruit : « Et on les mange en plusieurs bouchées, les croulants ». Comme d'hab', la plupart sont à l'abricot et bien sûr, j'en reçois une à ce parfum. Seuls Christian et le gros chauve (qui est réveillé comme par hasard), en obtiennent à la framboise, les enfoirés. J'essaie de proposer un échange avec le gros chauve mais ce con a déjà tout bouffé. « Pourquoi tu te prends le chou, Jean-Paul » me fait Christian en humant avec ostentation sa pâte de fruit « De toute façon, tu vas devoir me la donner ». « Ah ouais ?! » je réponds «  c'est ce qu'on va voir... »

    Je passe la deuxième mi-temps, complètement naze. Il ne reste plus qu'une minute de jeu. Les français souffrent face aux attaques répétées des Portugais. Gilardi et Larqué ont déjà fait trente fois dans leurs frocs. J'ai le cul tout mouillé. Christian pète comme un porc. René se lève et s'assoit sans arrêt tandis que derrière lui, les deux types menacent de lui ouvrir le bide pour lui reprendre sa pâte de fruit. 30 secondes, les ballons fusent dans la surface de réparation française. François encourage à mort le Portugal, le visage suintant. Moi et Christian insultons l'arbitre : « Mais siffle donc, tête de con ! ». 10 secondes, Saha perd le ballon. René se cache les yeux. Nous nous désagrégeons. Un portugais se retrouve nez à nez avec Barthez ! Il tire, Barthez intercepte ! Coup de sifflet de l'arbitre qui signale un hors-jeu ! 3, 2, 1... C'est la fin ! Avec dégoût, François balance sa pâte de fruit à Christian ! René embrasse la télé avec ses deux copains ! Le gros chauve se réveille demandant le score. Je jette un regard sur Christian qui me montre Juliette du menton ! Je tâte ma pâte de fruit puis me lève. L'aide soignante s'avance vers moi, impassible. Clair, je vais morfler comme jamais si je lui fous la main aux fesses, mais en même temps cette idée ne me déplait pas. Je dirais même qu'elle me rend jouasse. Ca y est, nous nous faisons face. Je souris et m'apprête à faire mon irrévocable geste. Sauf qu'au dernier moment, quelque chose m'en empêche. Quelque chose auquel je ne m'attendais vraiment pas. Juliette a saisi mes burnes de sa main droite. Je suis rouge comme une tomate. Elle, faire ça ! Interdit, je fixe sa main me pinçant doucement. « Madame Baudoin » je bredouille. « Bin quoi, m'sieur Pélisson » me répond l'aide soignante : « tout est permis, on est en finale ! ».

     

    Jean-Paul Pélisson

     


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  • Avant chaque match de l'équipe de France, j'ai un rituel : je vais courir autour du lac d'Enghien. C'est peut-être stupide, mais c'est le seul moyen à mon niveau que j'ai trouvé pour que l'équipe de France gagne ou au moins fasse match nul enfin ne perde pas. Pourtant, je suis plutôt un type cartésien, je ricane à la lecture de mon horoscope et me plie en deux quand un hurluberlu m'annonce la fin imminente du monde (la fin imminente du mondial, là encore, je ne dis pas). Me connaissant, ma femme et mes deux grands enfants se moquent de moi lorsque je me mets en tenue de sport. Pourtant, il suffit que je retarde de cinq minutes mon jogging pour que les trois s'inquiètent : « bin alors, tu ne vas pas courir ? » « Qu'est-ce que tu fais papa, c'est l'heure là ! » « chéri, j'ai sorti tes chaussures de course ». Ce qui est drôle, c'est que plus l'équipe de France avance dans la compétition plus la pression des miens pour que je cours augmente. Pourtant, aucun d'eux n'aime le foot. Ma femme a dû voir un quart de match dans sa vie à la télévision et mes deux fils préfèrent le tennis à « ce sport de blaireaux ». Il faut croire qu'ils tiennent à ce que je garde la forme, hin, hin.

    Donc, je mets mes tennis, mon short court et mon maillot de Makélélé d'une valeur de 100 euros (Pour moi, Makélélé est le meilleur joueur de l'équipe de France et je ne dis pas ça parce qu'il est de petite taille comme moi). Dehors, temps superbe. Je croise une demoiselle portant le maillot portugais qui m'adresse un sourire narquois. Il est vrai que les Portugais viennent tout juste de se qualifier pour la demi-finale, si nous battons les Brésiliens, nous les rencontrerons. A hauteur de Saint-Gratien, un grand noir avec le maillot de Thuram me salue, je fais de même. Malgré la grande chaleur, je me sens bien. L'air est doux. Les gens sont décontractés, en mode paix. Ils ont sorti le barbecue, l'apéro et les chaises. Leurs enfants jouent parmi eux comme pour enchanter ces moments fraternels. Devant moi, un homme et une femme font de la marche sportive. Le premier raconte à l'autre un match du mondial où à eu lieu plusieurs expulsions (je parie pour Hollande-Portugal). L'eau du lac d'Enghien pétille des reflets du soleil. Des coups de klaxon retentissent : Mariage ou supporters portugais en liesse ? Les paris sont ouverts !... A cet instant, je suis tellement bien que je ne pense plus à rien. Mes jambes se meuvent d'elles-mêmes tandis que j'observe avec délectation le spectacle de la vie : Les gens, les animaux, les habitations, les arbres et plantes, l'eau, le ciel, la lumière. Tout est fascinant, pittoresque. Et je pourrais faire plusieurs fois le même tour, je sais que j'éprouverai exactement le même sentiment de découverte. C'est la raison pour laquelle j'aime courir sans ballon.

    Parvenu au trois quarts du parcours, je prends une grande goulée d'air. Dans ma ligne de mire, un autre jogger. Il porte le maillot de Ronaldo. Ses foulées sont amples et souples, félines presque. Malgré ma fatigue, j'accélère. C'est un signe, il faut que je lui mette sa pâtée ! Me sentant arriver dans son dos, l'homme s'écarte d'abord -  A sa hauteur, je gueule : « Et 1, et 2 et 3-0 ! » - puis accélère.  L'autre fait pareil. Nous sommes au coude à coude ! Nos respirations deviennent plus rapides et bruyantes ! « Ronaldo » se déhanche tellement bien qu'on croirait qu'il danse. Moi, je lui oppose un style plus bourrin, mais où la détermination, le mental et la volonté se font l'amour comme des tebês. « Je vais te bouffer ! » je grogne. « Toi-même ! » il maugrée. Nous molardons dans des directions opposées, lui à gauche, moi à droite. Crachats brillants qui tournoient en l'air en effectuant une jolie courbe comme des étoiles filantes. Sur la route, une voiture nous klaxonne. Impossible de savoir qui il encourage ! J'ai la gorge sèche, les poumons en feu. Mon cerveau tape comme s'il allait exploser. J'essaie pourtant de ne rien montrer, c'est un quart de finale bordel de merde ! Allant à notre rencontre, une grand-mère aveugle et boitillante ! Je regarde « Ronaldo ». Il est rouge, vert, jaune, humide au visage, je sens qu'il va céder ! Néanmoins, à ses lèvres, un léger sourire se forme ! Lui aussi croit que je vais craquer ! J'essaie de hausser le rythme mais n'y parviens pas ! Et la grand-mère qui vient vers nous ! Et Ronaldo qui maintient la cadence ! « Madame ! » je gueule. Aussitôt, la vieille femme lève sa canne blanche : «  hein ? ». « Ronaldo » se tortille et esquive de justesse la mémé vacillante. Moi, je ralentis puis m'arrête à sa hauteur. Je n'en peux plus. « Qu'est-ce qu'il y a ? » demande encore la vieille femme en tâtonnant anxieusement le sol avec sa canne. Plié en deux les mains appuyées sur mes genoux, je fixe « Ronaldo » s'éloigner tranquillement et sûrement de mon champ de vision. Je suis effondré et peine à retrouver mon souffle. Putain, j'avais pourtant la pêche là ! Fait chier !...

    La grand-mère pose sa main sur mon épaule. Elle est maintenant étonnement calme. Quel con, j'avais failli l'oublier ! Au moment je m'apprête à lui demander si elle a besoin d'aide, elle se met à sourire et me dit : « Vous inquiétez pas, on les aura, ce soir ».

    Georges Broudin


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  • Il y a quelques jours, qui aurait cru que l'équipe de France parviendrait à ce stade de la compétition ? De même, qui aurait cru que, grâce aux pilules magiques du médecin de l'équipe de France, Zidane perdrait 40 kilos en une nuit et sortirait un match de rêve face à l'Espagne ? Personne. Alors qu'hier l'horizon paraissait bouché, aujourd'hui tout semble possible. L'équipe de France pète la forme et respire la joie de vivre. L'équipe de France est montée en puissance. L'équipe de France a retrouvé le football qui peut la faire gagner à nouveau et toucher les cieux et les anges. Tout le monde y croit, il n'y a qu'à voir le sourire épanoui de la boulangère, ce matin, le regard lumineux du pharmacien ou de l'employé municipal à l'accueil. Bien sûr, en tant que professionnels du sport et quitte à passer pour des rabat-joies, nous pourrions prévenir la foule ignorante du danger que représente l'équipe du Brésil, lui parler des passements de jambes virtuoses de Ronaldo, de la puissance herculéenne d'Adriano ou encore de la technique hors du commun de Ronaldinho. L'avertir que rien n'est joué d'avance et que chaque match a sa vérité propre et unique (donc indivisible). Qu'il est bien beau d'imaginer la victoire de la France face au Brésil en buvant des verres et en faisant des gratte-grattes avec les copains, ça n'est pas très raisonnable surtout si l'on prend le volant après. Pourtant, aujourd'hui plus que jamais, nous partageons l'opinion populaire. Parce que Zidane est le meilleur n°10 du monde actuellement. Parce que Thierry Henry court plus vite que son ombre. Que Ribéry roule des pétards avec une main. Que Malouda vient de finir son album panini de Full Metal Alchimist (si ce n'est pas un signe, ça !). Que Vieira a un revers detructeur au ping-pong. Que Makélélé est un fabuleux pointeur à la pétanque. Que Thuram est beau ! Que Gallas est grand ! Qu'Abidal est fort ! Que Sagnol peut toucher le bout de son nez avec sa langue et que Barthez peut aussi bien enfiler ses gants à ses mains qu'à ses pieds ! Aussi, pour toutes ces raisons et bien d'autres encore que nous tairons, Brésil prend garde à toi !

     

    Pedro Montgomery de « Vive le sport »


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