• Pourquoi la Ola

    Si on interroge cent personnes pour savoir d'où vient la Ola, quatre vingt dix huit répondront à coup sûr du Mexique, quant aux deux qui restent on s'en branle puisqu'elles aussi. Là, il serait légitime de se demander pourquoi à chaque fois qu'on pose une question sur le lieu d'origine de toute chose, les gens répondent 13 fois sur 15 le Mexique mais c'est un autre débat. Non, quitte à en surprendre ou décevoir plus d'un ou une, la Ola n'est pas mexicaine mais autrichienne. Quant à sa signification, elle n'est pas ce qu'on croit qu'elle veut dire, c'est-à-dire une formidable manifestation de l'enthousiasme enfantin retrouvé des spectateurs. Ceux qui prétendent cela n'ont d'une part jamais mis les pieds dans un stade, d'autre part rien compris à la Ola. La Ola qu'on devrait normalement appeler le Ola puisque son auteur s'appelait Olaf Schmurtz :

    Très vite après sa naissance (en mars 1948), Olaf souffre d'un mal tristement commun. Il s'ennuie. Sa mère tente de l'intéresser à la musique en lui achetant un harmonica mais Olaf s'en fout. Il n'a envie de rien. Pas même de construire un château fort avec ses Lego encore rangés dans leurs emballages ou de jouer avec ses copains à la balle au prisonnier. Ainsi, l'enfant arrive jusqu'à l'âge de quinze ans sans rien faire à part manger, boire, dormir et faire pipi-caca. Un jour, un de ses amis l'invite à assister à une partie de tennis. Olaf hausse les épaules et le suit. Au deuxième set, son ennui et son besoin de l'exprimer sont tels qu'il se lève d'un coup en dressant les bras au ciel et en disant : « Ola ». Ainsi, l'homme gardera ce tic pour exprimer son profond emmerdement. Dans un repas familial, les conversations l'emmerdent, Olaf se lève et fait : « Ola ». Pièce de théâtre ou concert chiants, même combat : « Ola ». Exposition d'art contemporain, « Ola » devant toutes les installations zarbies et vidéos cheloues. A vingt deux ans, Olaf est invité par le même ami de l'autre fois (un grand optimiste) à aller voir un match de football au Mexique. Sans conviction, Olaf s'y rend. Il le regrette amèrement au bout de vingt minutes. Sur le terrain, les joueurs mouillent à peine leurs maillots et ratent des gestes techniques inratables à ce niveau là et à ce stade de la compétition. « ich langweile mich bei diesem traurigen Schauspiel » murmure t-il en se levant. Autour de lui, tous les spectateurs mexicains bilingues allemands acquiescent et imitent Olaf en se levant à son tour.

    Ainsi la Ola est l'expression du profond ennui que ressent le public devant le triste spectacle offert par les joueurs de football sur le terrain. En se formant, elle va même jusqu'à concurrencer le match puisqu'elle s'offre elle-même en spectacle. Son message est d'ailleurs sans équivoque. Il dit : « joueurs, vous n'êtes pas capables de nous émerveiller, nous les spectateurs, en conséquence nous allons faire le spectacle et émerveiller les gens devant leurs télés, na ». En allant au bout de notre raisonnement, nous pouvons donc affirmer qu'une Ola réussie est une Ola qui parvient à attirer l'œil des caméras. Dans ce cas là, on dit aussi que les spectateurs du stade ont marqué un but contre les joueurs sur le terrain.


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