• OM-PSG : le match des supporters

       Tout d'abord permettez-moi de rappeler, que, si je suis un médecin et un scientifique, plaçant la rationalité avant tout, comme dans mon analyse argumentée des effets d'une élimination de l'équipe de France (http://barzoukid.blogg.org/date-2009-11-17-billet-1108131.html) ; je suis aussi un adepte de la grande littérature... et, bien sûr, un amoureux fervent de la chaussure à crampons.

       Le match de ce soir, on le sait déjà, se jouera bien entendu dans les tribunes. Ce qui se passera sur le gazon n'étant que prétexte, rodomontade et veulerie, et étant surtout faible, très faible, entre deux équipes qui devraient jouer chez les minimes ou les cours de récré pour avoir une chance de remporter quelque chose.

       Dans les tribunes, par contre, réside la beauté et l'élégance d'un duel millénaire et sublime entre des sportifs de beau calibre qui feront, une fois encore, résonner leurs voix cristallines et leurs textes enlevés pour déterminer le gagnant de ce que tous les amateurs nomment désormais, non sans à propos, la « Football Academy ».

    Mais comparons-les ces chants subtils que fredonnent gaiement les supporters, et essayons ainsi de déterminer, selon la logique rhétorique, le gagnant de cette rencontre.

    Les Marseillais ont coutume d'entamer le match par le classique:

    « Aux Armes, aux Armes

    Aux Armes, aux Armes

    Nous sommes les marseillais

    Nous sommes les marseillais

    Et nous allons gagner

    Et nous allons gagner

    Allez l'OM, allez l'OM

    Allez l'OM, allez l'OM »

     

    Ce texte est un sonnet commençant lentement par deux vers de 4 pieds qui s'allongent et se fixent en six vers de 6 pieds. La volonté évidente de cette structure carrée est d'installer l'auditeur dans un environnement stable et solide où la victoire est présentée comme une certitude amenée par la monotonie de l'équilibre des pieds.

    L'absence totale de rime, par contre, annule complètement cet effet d'assurance. En chantant cela les marseillais tentent de faire passer une confiance dans leur équipe qu'ils n'ont pas. Et leur désarroi transparait dans cette absence de rime ou d'assonance, preuve que les supporters ne savent plus trop ce qu'ils racontent et que déjà ils bafouillent, mouillent leurs pantalons et tremblent sachant que leur équipe va, une fois de plus perdre.

    On notera que tout le sonnet vise grossièrement à rappeler l'hymne national français. Que ce soit par le premier vers, copié du début du refrain de la « marseillaise », et l'allusion à « Marseille » qui donne le titre à notre hymne. Ce nationalisme affiché indique clairement une chose : La France, bien plus que Marseille seul, doit gagner. Et le symbole de la France, c'est surtout sa capitale : Paris.

    De leur coté les artistes Parisiens cisèlent le subtil poème suivant :

    « Debouts sur la tribune

    tous ensemble on va chanter

    c'est ce soir, tous unis, que le virage va crier.

    PSG allez, PSG allez »

    Constatons dès l'abord la plus grande maîtrise métrique du PSG qui déclame un très subtil couplet qui monte crescendo en 5 pieds puis 7-9-10. L'effet désiré, et bougrement réussi, est d'instiller chez l'auditeur une impression d'infini. Si on ne les arrêtait pas le chant continuerait sur 15 pieds puis 47 pieds, puis 5210 pieds... pour finalement atteindre dieu.

    Un match ne durant selon les vulgaires règles officielles qu'1h30, les supporters ne peuvent pas aller au bout de leur projet. Et si les joueurs bénéficient de cette règle rétrograde pour ne bosser qu'1h30 par semaine, la Littérature, elle, perd ce qui serait le plus beau poème sur l'éternité jamais réalisé.

    La structure phonique du poème, elle aussi dépote grave : Après un vers en « une » (tribune) qui par cette voyelle fermée donne une impression de retenue introduisant parfaitement le crescendo qui s'amorce, la suite des rimes en « er » contribue à provoquer chez l'amateur de beaux vers cette idée d'infini toujours recommencé (comme la mer, dirait Paul Valery, qui touchait diablement sa bille et au football et à la pêche au gros).

    Ce chant heurté, et pourtant si harmonieux, annonce et provoque l'extase des supporters, mais aussi du monde entier écoutant ému et transcendé, ce chef d'oeuvre de littérature battant haut la main « la Légende des siècles » de Victor Hugo (qui est souvent cité à tort : http://decodeurs.blog.lemonde.fr/2009/11/18/quand-eric-besson-reecrit-victor-hugo/)

    Alors à votre avis, qui va gagner cette football-Academy, les supporters du PSG ou ceux de l'OM ou vous vous en foutez des belles lettres?

    Doc Oli


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