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      Cela fait longtemps, en parcourant les prétoires, que je constate au gré des conversations, un goût prononcé pour le football.  Plus qu'en tout autre métier, la passion du ballon rond est intimement associée au travail des auxiliaires de justice. Sans doute, car les affaires juridiques liées à ce sport sont si enthousiasmantes et, ne nous voilons pas la face, si rémunératrices.

    Pourtant, on constate une désinformation du grand public sur le rapport étroit qu'entretient le football avec le droit.

    Aussi, j'ai décidé de venir ici régulièrement parler des derniers potins, procès et enquêtes liés au football afin d'essayer d'éclairer un peu la lanterne des milliers de supporters qui réclament plus de transparence dans le traitement des démêlés judiciaires de leurs club et de l'ensemble de la communauté.

    Actuellement, un recours a été posé à la cour internationale de la Haie par les représentants de divers gouvernement (surtout Anglo-Saxon) afin d'entamer une modification profonde des règles du football.

    Si personne n'espère que cette requête aboutisse avant plusieurs années, son influence semble suffisamment capitale pour justifier que dès lors on s'y intéresse.

    Le recours MMXCVII stipule je cite :

    « Que soit dument intégré dans les règles et fonctionnement du jeu les modifications apportées à l'article 12 »

    Cet article 12, qui fait débat est le suivant :

    « Un changement de la nomenclature et du nom (et dérivé) du terme « football » (non-déposé) en une adéquation à l'article 5, 7 et 11 »

    Ces articles ne modifient rien de moins que le principe même du football. L'article 7, notamment, précise que désormais, toucher le ballon de la main pourrait (je dis bien « pourrait ») ne plus faire l'objet de la sanction du coup-franc, ni du penalty.

    Encore plus explicites, les autres articles stipulent qu'en cas de but marqué de la main, le score de l'équipe réalisant l'exploit serait alors doublé automatiquement.

    Ce que signifie ces demandes de modifications, c'est qu'un but marqué à la main serait désormais, non seulement officiel et sans contrepartie. Et qu'il vaudrait 2 points la première fois, puis 6 points en cas de deuxième but dans ces circonstances, puis 14, etc.

    Les alinéas 2 et 3 de l'article 12 sont particulièrement clairs quant à l'objectif de ce recours.

    On y précise que le « football » serait renommé « Handball » (ɑ̃dbol, à ne pas confondre avec le sport allemand handball : ɑ̃dbal), et la FIFA deviendrait la Fédération Internationale de Handball Association (FIHA).

    Du point de vue juridique, ce recours est tout à fait légitime et justifié par la pratique actuelle du sport. Et les événements récents, lors de la sélection de la France pèseront lourds dans la balance quand la cour devra rendre son verdict.

    Toutefois, on peut se demander s'il est du domaine des états de s'immiscer ainsi dans les règles d'une activité ludique bimillénaire et le débat en l'espèce, est surtout un débat d'éthique.

    Maître Emile Potin, avocat à la cour.

     

    (Prochain post: Maradona)

     


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