• On reproche souvent à Nicolas Anelka de ne jamais respecter les consignes. Avant-centre en équipe de France, l'homme dézone et passe beaucoup plus de temps au milieu du terrain que dans la surface de réparation. N'écoutant que lui-même, il se veut libre et insensible à l'opinion d'autrui. Peut-être cette indépendance d'esprit lui vient-elle de sa culture bédé. Nicolas Anelka avoue en tout cas devoir beaucoup au neuvième art sans plus de précisions. Aujourd'hui, pour OH NON ENCORE DU FOOT ! il quitte à nouveau la surface de réparation (tout en gardant la balle au pied) pour nous parler de la série The Punisher.   

     

    Garth Ennis, le fameux scénariste du Preacher, s'attaque à un personnage mythique de comic, le non moins fameux Punisher - La sauce va-t-elle prendre ? Dix mille fois oui ! Les deux premiers tomes de cette série qui je crois en contient dix, défourraillent ! Le premier tome raconte la genèse du Punisher - fin de guerre du Vietnam - Camp de soldats américains constitués en majorité de junkies et d'alcooliques - Avec une poignée de soldats  « encore potables », un seul homme continue à parcourir la jungle pour faire la guerre aux Viêt-Cong : Franck Castle. Il n'est pas encore le Punisher mais déjà en lui règne le chaos. Ses hommes le craignent autant que ses ennemis. Capitaine, il déteste ses supérieurs qui ne pensent qu'au retrait des troupes (il éliminera d'ailleurs un général visitant le camp). Bref, le personnage sombre, violent et torturé est magistralement campé. Et la guerre, sa moitié en quelque sorte, rendue avec un réalisme qui donne des frissons.

    Dans le deuxième tome, Franck Castle est devenu le Punisher. Sa femme et son enfant sont morts, tués par des mafieux. Nous assistons à sa guerre acharnée et vaine contre le monde du crime. Face à ce personnage extrême et déséquilibré des personnages aussi barrés, violents et psychopathes que le héros. Les scènes décapantes s'enchaînent à la vitesse d'une météorite.  Je pense notamment à celle de la soupe où un mafieux soupçonne la serveuse du restaurant d'avoir foutu le sang de ses menstrues dans le plat. Ou au combat ultra violent et final entre le Punisher et ce même mafieux, taré au point de ne pas ressentir sa propre mort... Comme dans le premier tome, l'histoire est captivante, si bien que non seulement on est curieux de voir à quoi ressemblera la suite mais aussi de regarder ses adaptations au cinéma. Il me semble, Raymond Domenech, grand cinéphile, a vu les deux Punisher sortis dans les salles (celui de 2004 et de 2007). Peut-être aura-t-il le temps d'en parler si l'élaboration de ses plans tactiques pour la coupe du monde ne l'accapare pas trop.

    Pour the Punisher tome 1 et 2 : Une panenka et un ciseau retourné (poteau rentrant).


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  • Que ce soit en tant qu'homme ou en tant que footballeur, Nicolas Anelka suscite les controverses. Par contre, en tant que lecteur de bandes dessinées, Nicolas Anelka fait l'unanimité. Reconnu pour son goût sûr en la matière, l'homme est souvent sollicité par ses coéquipiers lorsqu'ils souhaitent s'acheter une œuvre du neuvième art. On raconte aussi que l'attaquant est si sensible à ses lectures qu'une mauvaise bédé lui fera faire un match cracra alors qu'une bonne bédé le transformera en dieu des stades. Aujourd'hui, pour OH NON ENCORE DU FOOT ! Nicolas Anelka nous parle des deux dernières bédés qu'il a lues : Preacher et Le Roi des Mouches.

    Preacher de Garth Ennis et Steve Dillon : Mes sentiments à propos de cette bédé sont mitigés. D'un côté un scénar attrayant : Dieu a quitté le paradis. Un pasteur possédant le pouvoir de la voix (s'il l'utilise on est obligé de lui obéir) part à sa recherche pour l'éliminer. Dans sa quête, il est accompagné de sa compagne et d'un vampire irlandais. Cependant, l'organisation du Graal qui dirige le monde souhaite s'approprier le pouvoir du pasteur pour préparer l'apocalypse et l'avènement d'un nouveau Christ (qui est demeuré). En parallèle, un cowboy indestructible, le saint des tueurs, a été réveillé pour éliminer le pasteur... Des dialogues qui dépotent avec des tirades du genre : « Ce con là, il m'a sodomisé ma journée ». Des personnages bizarres, tels que tête de fion ou ces frères cannibales vivant dans une mine abandonnée. Et surtout des histoires qui semblent n'avoir aucune limite morale - les petites filles peuvent se prendre une balle dans la tête et les pervers, qui sont nombreux, peuvent s'exprimer pleinement (point de censure)... D'un autre côté, et c'est sans doute le point faible de cette bande dessinée, du fait qu'elle soit une série (66 épisodes), elle traine en longueur. Les digressions sont innombrables - retour sur le passé des différents personnages, histoires annexes - et à la fin, indigestes. De plus, la volonté de montrer qu'on ne s'interdit rien - que cette bande dessinée est progressiste et s'attaque à tous les tabous - oblige les auteurs à en faire trop, à aller dans la surenchère gratuite et gavante à la fin. Trop de violence en efface l'horreur. Cependant, cette bande dessinée mérite d'être lue - Son ton est radicalement différent des autres - véritable boulot sur les dialogues, dessins réalistes et expressifs. Et rien que pour ça, elle vaut le détour !

    Note : deux buts en pleine lucarne.

    Le Roi des Mouches de Mezzo et Michel Pirrus (tome 1) : Comment raconter cette bande dessinée ? A vrai dire, elle ne se raconte pas. Dans une ville qui semble être aux Etats-Unis mais qui s'avère être en Europe (un personnage sort de sa poche un billet de 20 euros), des personnages livrent leurs pensées sur les événements qu'ils vivent - Certains reviennent plus souvent que d'autres dont Eric, jeune homme qui boit et se drogue et entretient une relation amoureuse décousue avec deux filles, Sal et Marie. Les dessins sombres et d'une remarquable précision rendent l'atmosphère de cet album à la fois envoutante et oppressante. Malgré les choses qui évoluent, les personnages semblent toujours statiques même quand ils font l'amour. Ils ressemblent à des statues douées de pensées, pensées qui sont admirablement restituées, sans fioritures ou effets de style. L'écueil de « cet exercice » aurait été justement de mettre trop de textes ou de faire trop littéraire. Là, non. Le texte est juste et épouse à merveille le dessin. Les deux se complètent parfaitement, les pensées des personnages habitant véritablement les traits dessinés, comme une projection de leur esprit. Je ne sais pas si d'autres bandes dessinées existent dans le genre, je veux dire, utilisant le mode du monologue intérieur pour dérouler le récit. Pour ma part, c'est la première que j'en lis une sous cette forme et j'ai adoré. Comme on dit dans ces cas là, vivement le tome 2 !

    Note : cinq superbes buts dans une rencontre de oufs.


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  • Si, au sein de l'attaque française, Franck Ribéry est passionné de littérature, Nicolas Anelka raffole des bandes dessinées. Il n'est pas un jour sans que l'attaquant  en dévore une. Sur le terrain, lorsque l'homme n'accomplit pas son travail défensif, ses coéquipiers le rappellent à ses devoirs souvent par cette phrase : « Eh ! Oh ! T'es pas en train de lire une bédé, là ! ». Phrase qui fait sourire le joueur dont le regard brillant semble dire avec un soupçon d'insolence : «  Et qu'est-ce qui vous dit que je suis pas en train d'en lire une, de bédé ? »  

    Aujourd'hui, trois bédés au programme que j'ai lu lors de déplacements en bus. 

    Le tome 1 de 100 bullets (dos rond pour le daron) de Brian Azzarello et Eduardo Risso :  Ouais, bon book, avec une bonne atmosphère. De la gueule fracasse à donf, de l'action comme y faut, des dessins qui déchirent. Un mystérieux agent remet à un jeune branleur des balles et flingue. Le gamin a le choix, soit de flinguer son daron, soit de renouer des liens avec lui... L'histoire a une suite et si je la trouve, je peux vous dire que je me jette dessus, fissa !... Qui est ce mystérieux agent qui refile un flingue et des balles au gamin ? Que veut-il ? Qui est le dur de la fin de l'histoire qui reconnait le flingue et donc connait le mystérieux agent ? Le jeune branleur va-t-il se dépêtrer de cette sale histoire ?... Autant de questions qui, je l'espère, auront des réponses à la hauteur de ce début tonitruant et prometteur dans les tomes qui suivent...

    Le tome 1 de Notes (born to be a larve) de Boulet : Là, aussi, j'ai accroché. Autre genre. BD indépendante. Ce recueil est une adaptation de blog bédé. Bon, si y'a le côté un peu soulant de l'auteur de bédé qui raconte le petit monde de la bédé (les festivals, le bouclage d'un livre...), l'autodérision permanente permet de rendre cela digeste (parce que les auteurs de bédés qui racontent leurs journées bédés y'en a des masses et souvent y'a pas grand intérêt, ce serait comme si une masse de joueurs de football se mettaient à décrire leurs entraînements, une passe, un penalty, l'achat de leurs nouvelles bagnoles, les douches, tout ça, tout ça, à la fin, bonjour l'overdose !). L'autre intérêt de ce bouquin est que, suivant les histoires, les dessins sont différents. On a l'impression que l'auteur expérimente des styles, ça a un côté laboratoire qui me plait bien. Coup de cœur pour l'histoire sur le bouddhisme, drôle et fine.

    From Hell d'Alan Moore et je sais plus qui : Alors là, on a beau me dire que c'est une super bédé, j'aime pas. Trop de personnages, dessins volontairement confus mais confus quand même au final - monologues imbitables à n'en plus finir - Seuls quelques passages forts m'ont permis d'arriver jusqu'à la 200ème page - mais franchement, cette histoire de francs maçons et de complot me dépasse et me gave. En plus, il n'y a que les anglais pour se préoccuper de la famille royale, le reste du monde s'en bat. Quant aux monologues érudits, au bout d'un moment, ça plombe l'histoire. On en a très vite plus rien à foutre des motivations du chirurgien (les comprend-il lui-même ?). Et on a aussi très vite envie de refermer le bouquin pour taper du cuir avec les potes. Ou pour manger une raclette avec eux, oui, tiens ce serait pas mal ça, une bonne petite raclette... (From Hell, à prêter à Raymond Domenech)


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