• A quand de véritables supporters pour l'équipe de France ?

    Les derniers matchs de l'équipe de France le confirment : Le public des stades s'embourgeoise. Il n'accepte plus l'éventuelle défaite de l'équipe qu'il supporte. Comme si « perdre » ne faisait plus partie du jeu. Comme si « perdre » était inenvisageable pour son équipe. Ainsi, juste après que la France ait encaissé un but de l'Espagne, les premiers sifflets désapprobateurs ont résonné, fustigeant férocement les bleus. Puis, suite au deuxième but espagnol, des « olé » ont été lâchés par les supporters français à chaque passe réussie des joueurs ibériques. Au vu des trahisons commises par le public français ce soir là, deux mains, deux pieds et la queue n'auraient pas suffi pour compter les couteaux plantés dans le dos des bleus (d'ailleurs, c'est bien simple, on ne voyait plus leurs dos). Henry sifflé à sa sortie, Ribéry même régime, c'était à se demander si les deux hommes n'avaient pas joué pour l'Italie le temps des qualifications pour le mondial...

    On pourrait expliquer cette attitude par l'habitude qu'ont les supporters français de voir leur équipe au plus haut niveau. Néanmoins, 2006 c'est loin. Depuis, la France a perdu piteusement à l'Euro 2008 et s'est qualifiée dans la douleur pour le mondial 2012. Les hommes qui la composent ont changé, l'équipe de France ne dégage plus cette assurance qui lui permettait de dominer son sujet dans les matchs cruciaux (remumber le plus beau match de cette équipe au mondial 2006, justement contre la même Espagne). Elle ressemble à un rafiot bricolé à la vite qui connait chaque jour un nouveau problème, un jour, la défense, le suivant l'attaque, un autre, le milieu, parfois tout ensemble... L'équipe de France prend l'eau et il n'y a plus beaucoup de supporters pour former une chaîne et faire passer le sceau... Pourtant, cette équipe là en aurait grandement besoin, de supporters.

    Que s'est-il passé pour que les supporters se transforment en clients exigeants ne supportant plus les défaillances et faiblesses de leur propre équipe ? Sans doute, la principale cause de ce comportement vient du prix du billet. Actuellement, la place la plus pourrie pour un match amical se vend minimum vingt euros. Pour ce prix là, déjà, il est compréhensible qu'on en veuille pour son argent ! Avec la crise, la somme de vingt euros est devenue une belle somme ! Qui, au supermarché, n'a jamais vu tous les regards briller et se fixer sur lui au moment où il a sorti de sa poche un billet de vingt euros ! Qui, n'a pas senti à ce moment là, l'envie d'autrui lui mordre jusqu'au sang la main détentrice de ce faramineux cash !... Dépenser vingt euros pour un match de football est devenu un luxe. Et comme tout luxe, il doit satisfaire pleinement l'ego. Celui ou celle qui a dépensé 20 euros pour le 2-0 du France-Espagne est nécessairement humilié à tous les niveaux : Un, il a foutu en l'air une sacrée somme pour un spectacle de merde. Deux, comme un con, il a dit à ses proches qu'il y allait et maintenant il va devoir supporter leurs vannes. Trois, pour ceux qui ont fait un emprunt à un taux de 20 pour cent sur 5 ans, ils vont devoir avaler la pilule pendant encore longtemps, etc, etc... Alors, forcément, au premier but espagnol, il ou elle laisse éclater sa frustration, sa colère...

    Pourtant, il existe une solution... En taxant à 40 pour cent les salaires des joueurs de l'équipe de France et en redistribuant leurs primes, on ferait chuter les prix des billets de 75 pour cent ! Les billets les moins chers s'élèveraient alors à cinq euros, un tarif enfin raisonnable et accessible aux plus modestes ! Par ce geste, les joueurs regagneraient les faveurs du public et ainsi de véritables supporters !

    Néanmoins, pour que les joueurs agissent de cette manière, il est nécessaire que leur entraîneur, Raymond Domenech, montre la voie. Par exemple, en achetant avec la moitié de son salaire des places pour les offrir (soit à peu près 30 000) ...

    Mais comme on dit par chez nous, c'est pas demain la veille.

    Francis Azemmour

     

    Critique Suivante : Football et démocratie 


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